Coma Unplugged : psy-show

Article original publié dans Cent Papiers le 22 janvier 2007

gélule

«J’ai  »peint » un texte, je crois. Le portrait d’un homme. […] Un homme qui a envie de parler. Un homme en état d’urgence. Un homme qui doit prendre une décision vitale. [Denis Bernard, le metteur en scène] y a vu une sorte de cabaret psychique déjanté. […] Showtime! » – Pierre-Michel Tremblay.

Si on doit lui trouver une parenté, cette pièce fait partie des portraits cyniques des trentenaires québécois urbains, une famille en pleine expansion au théâtre, et dont l’impact sur le public se vérifie une fois encore.

Coma Unplugged nous montre donc un homme en plein crise de trentaine, mais ce qui est inhabituel, c’est que la scène se joue dans son crâne, alors qu’il est lui-même alité, dans le coma. Enfermé dans sa tête (mais a-t-il jamais vécu ailleurs?), Daniel va devoir choisir entre la vie et la mort en tentant de séparer ce qui compte vraiment des faux-semblants actuels : le culte de l’épanouissement, le masculinisme, l’exotisme de pacotille, la réussite professionnelle, le cynisme, le matérialisme, etc. D’autres thèmes explosent parfois, dégoupillés par une réplique cinglante : la paternité, le courage, l’empathie, le contrôle qu’on croit avoir sur nos vies. D’où ce cri du cœur : «une vie ne devrait pas pouvoir être ratée».

Épaulé par une distribution solide, Steve Laplante rend bien le fatalisme désabusé de sa génération. Marie-Hélène Thibault incarne brillamment la mère de sa fille, symbole vivant de son échec à construire une relation durable. Parmi des personnages secondaires dessinés à traits plus gros, un «chum de gars» envahissant, une mère poule, un «guerrier intérieur» et deux musiciens. Ceux-là assurent les ambiances sonores «live» – une tendance assez répandue – et interagissent parfois avec les personnages.

Cet étourdissant Coma est tellement truffé de références au Québec de 2007 qu’on se demande comment il vieillira. Bien que sans pitié, le texte est loin d’être sans humour! Après tout, le cabaret est l’endroit idéal pour parler de la mort en célébrant la vie, et il y a de vrais morceaux de génie dans la mise en scène éclatée de Denis Bernard, qui joue à fond les ruptures de tons. À un dispositif scénique inattendu s’ajoute une panoplie d’effets de lumières et de sons, de quoi brasser la petite salle de La Licorne. Et de quoi rester pluggé à son siège!

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