Chanson d’hiver

En vous racontant cette anecdote, je suis conscient de m’aventurer sur un terrain glissant.

Ce matin du 6 février 2019, je sors de chez moi avec pour modeste objectif de rentrer ma poubelle, qui vient juste d’être vidée, puis délicatement garrochée sur le flanc par le bras automatique du camion. Le fameux Bras Canadien™. J’habite à la campagne, et mon entrée de garage (draille-vouais) est légèrement pentue. Légèrement, je le précise.

Hier, il faisait +5°C, et cette nuit, -15°C. Ça veut dire glace dure en matinée. Mère Nature a passé la Zamboni. Voilà pour le contexte.

J’enfile mon manteau et mes bottes SANS mes crampons, je vais pas me battre avec ça juste pour 30 secondes dehors. Je sors par le garage et je me laisse glisser jusqu’à la rue. Sérieux, je n’ai pas fait un seul pas. Jusque-là, tout est sous contrôle, élégance et sports de glisse. Je redresse mon bac poubelle – modèle municipal à roulettes, finition semi-lustrée –, et j’essaie de remonter l’allée. NO SKATING WAY. Mais je connais le truc : il suffit d’aller sur le bord, là où les pneus du tracteur de déneigement ont laissé des grosses empreintes : ça fait comme des marches! Mon truc marchait super bien l’an dernier, mais là, non. Les marches sont encore plus casse-gueule que l’allée elle-même.

Je ramasse mon orgueil, je sors mon cellulaire et j’appelle ma blonde, qui est dans la maison.

– Je suis bloqué, tu peux m’envoyer mes crampons?
– Ha ha! OK.

Elle me les lance, mais pas assez loin. Il faudrait que je remonte de 2 mètres dans l’allée, mais c’est impossible SANS CRAMPONS. On est peu de choses.

– Envoie-moi le balai!
– Ha ha! OK. (Elle a le sens de l’humour.)

Elle m’envoie ledit balai assez loin pour que je l’attrape. Bon. Mais le balai n’est pas assez long pour atteindre les maudits crampons qui se prélassent sur la glace pour me faire chier. Dans un élan de charité, ma blonde me propose de chausser SES crampons pour venir me secourir. Avant d’assumer mon statut de réfugié climatique, je tente un dernier coup. Quitte ou double fracture. Balai en main, je prends mon élan dans la rue (qui est déglacée avec des petites roches), et je patine jusqu’aux crampons en contrôlant ma glisse dans une prestation qui m’aurait valu un 10 aux Jeux d’hiver. Sous l’impulsion nerveuse du balai, les crampons glissent jusqu’à moi. Je suis sauvé.

Mettre les crampons, remonter la poubelle et le balai. Épandre du déglaçant dans l’allée. Bon hiver à tous, et bon patinage.

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