Cuisiner les cochons

À la demande insistante de ma Mireille préférée, je publie le douze-pieds-par-douze-pieds que j’ai écrit dans le confort de mon foyer, pour voir si j’étais encore capable de relever ce défi en alexandrins au Cabaret des auteurs du dimanche. Les mots en gras m’ont été imposés par Mireille.

* * *

Chers amis, nous voici rassemblés dans cette boîte,
Tous les sens en alerte et les oreilles moites,
Informés par la presse d’un automne croustillant
Où des violeurs célèbres se font prendre par le gland.

Un roitelet pompette, tout en haut de l’affiche,
Qui exhibait son zguègue et pelotait des miches,
Doit rendre son micro et rabattre calotte
En attendant le jour où il paiera sa note.

Cet autre roi du rire, juste pour le calembour,
Dont les sens s’expriment, sauf le sens de l’humour,
Devra finir au max, bardé de contentions,
En braillant C’EST FINIIII! dans le fond d’une prison.

La culture du pouvoir est-elle un alambic
Qui distille la morale des personnages publics
Et les pousse à agir en pervers forcenés,
Laissant dans leur sillage des vies traumatisées?

Ou bien est-ce au contraire la première qualité
D’un aspirant dragon que d’être assez fucké
Pour prendre sa queue comme une tapette à moustiques
En soumettant les faibles à son pouvoir lubrique?

La gloire est une drôle de péripatéticienne,
Qui viole des volontés pour assouvir la sienne.
Il est grand temps que sonne l’heure de la punition
Et qu’une vraie justice cuisine ces cochons.

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