Pour finir en beauté cette année incongrue, j’ai décidé de napper mon traditionnel palmarès des logos de l’année d’une belle couche de bienveillance! On m’a parfois reproché un abus de sarcasme lorsque je dénonçais des identités visuelles mal pondues ou des images de marque ratées. Cette année, promis, tout ne sera que douceur et beauté. Calez-vous sur votre meilleur coussin et servez-vous votre déstressant préféré : ça va bien aller.
LES MEILLEURS
Dieu du Ciel! Entamons la revue par une marque locale qui revient de loin en matière d’image. En plus de changer son logo, la brasserie artisanale Dieu du Ciel! a confié le design de chacune de ses bières à des illustrateurs québécois. À l’issue de deux ans de travail, hallelujah : le logo perd son angelot néobaroque et n’en garde que la trompette. Un nouveau souffle, quoi!
Mars 2020 Une planète (rouge), un mystérieux rover, un lointain objet céleste – la Terre! –, une typographie légendaire, créée au début de l’aventure spatiale américaine : il n’en faut pas plus pour réveiller le petit astronaute en chacun de nous! Grâce à cette collaboration entre la NASA et l’agence HOVS, conquérir Mars n’a jamais été aussi cool.
Ça y est, je suis à jour dans mes Terminator. Je vous résume ça.
Terminator 1 : Bon film d’action/science-fiction (surtout pour l’époque). Terminator 2 : Bon film d’action/science-fiction (surtout pour l’époque). Terminator 3 : Le film en trop. Terminator 4 : Louable tentative d’essayer autre chose. Terminator 5 : Le deuxième film en trop. Terminator 6 : Le troisième film en trop.
J’ai vu le futur : il y aura d’autres films en trop. They’ll be back.
Décidément, cette pandémie nous en apprend beaucoup sur l’humain, individuellement et collectivement. C’est le propre des événements disruptifs, qui nous sortent de force de notre routine confortable et nous obligent à nous composer une attitude face à une situation inédite.
Je suis un simple citoyen qui essaie de voir clair. J’observe de près ce qui se passe au Québec, mais ma position me permet de garder un œil sur le Canada anglais, un autre sur les très bruyants États-Unis, et, bien sûr, un dernier sur la France, ma mère-patrie-si-loin-si-proche. Oui, ça me fait quatre yeux, bouh, je suis une araignée!
L’intelligence collective, celle qu’on appelle de nos vœux depuis si longtemps pour éviter le prophétique cataclysme, existe bel et bien. On peut même dire qu’elle est partagée par la majorité. Mollement, mais sincèrement.
Mais elle cohabite avec une autre attitude, qui n’a pas besoin d’être majoritaire pour nuire. Une attitude qui ralentit le groupe, comme on dit. Une attitude qui pourrait mettre son logo de commanditaire officiel sur la deuxième vague.
Une attitude incarnée par des pseudorebelles, qui ne forment pas un bloc monolithique mais une constellation. S’y mélangent les anti-masques, les conservateurs, les Trumpettes, les Qanons, les néonazis, les jambons, les évangélistes, les vlogueurs fâchés, les simples citoyens confus, et beaucoup d’autres. On le voit, beaucoup d’entre eux ont en commun de se reconnaître dans une idéologie de droite dure, celle du chacun pour soi. Il y a quand même quelques exceptions locales. En France, par exemple, je suis sidéré de voir certains de mes amis se rebeller face aux consignes sanitaires sous prétexte qu’elles émanent d’un gouvernement qu’ils considèrent illégitime. La désobéissance viscérale de mes ex-compatriotes est plus forte que le risque viral, j’aurais pourtant dû m’en douter.
Mais revenons à l’Amérique du Nord, qui n’a guère de leçons à donner. Ici, dans l’axe de négationnisme sanitaire qui s’étend de Donald Trump au centre-ville de Québec, les raisons ne manquent pas pour donner tort au consensus scientifique : c’est une conspiration des gouvernements, c’est juste une grippe saisonnière, on cherche à nous micropucer, le virus provient d’un laboratoire secret, faites vos recherches, les masques tuent, les porteurs de masques sont des moutons.
Et toujours cette idée sous-jacente selon laquelle les forts (les rebelles) s’opposent aux faibles (les conformistes).
Forts et faibles.
Les forts, dans leur fiction issue d’un
superhéroïsme évangélique, se voient comme une armée parallèle formée de
soldats qui comprennent la situation géopolitique bien mieux que vous et moi,
et qui sont prêts à prendre les armes pour sauver le monde, quitte à se fabriquer
des ennemis sur mesure – allô, les antifas!
Vous savez ce que je trouve faible? Ne pas avoir le courage d’écouter ceux qui savent depuis longtemps ce qu’est une pandémie – je parle bien sûr de la communauté scientifique –, et croire comme les pires des moutons à des scénarios complotistes totalement improbables. C’est vrai que le niveau d’instruction n’est pas le même entre les «forts» et les «faibles», les premiers n’ayant généralement pas eu l’occasion de former leur esprit à la pensée analytique et critique.
Je trouve faible d’ignorer le concept même de solidarité. D’oublier ce qui nous lie et décidera ultimement de notre survie ou de notre extinction.
Soyez donc forts en prenant la mesure réelle de la pandémie, plutôt qu’en vous cachant la tête dans des mensonges rassurants. Et restez chez vous.
Pour mes consœurs et confrères designers de logos!
En 2007, un groupe rock satirique américain nommé Burn Back a sorti une chanson ironique : Make the Logo Bigger. Résultat : un «vers d’oreille» modestement viral, surtout dans la communauté des designers graphiques. Pour les autres, sachez que «make the logo bigger» est un cliché sarcastique à propos des clients qui ne connaissent rien au design et qui confondent «plus gros» et «meilleur».
Treize ans plus tard, en tant que designer graphique et musicien amateur, j’ai enregistré cette reprise en confinement, et j’ai transformé le heavy metal en funk. Pourquoi pas, hein?
L’encre de mon diplôme des Arts Déco en Identité visuelle n’est pas encore sèche que je saute avec délectation dans la vie professionnelle. Il fait beau et ma carrière commence.
Bien sûr, j’ai déjà quelques mandats semi-payants à mon actif, mais cette fois, c’est le grand saut, ze real shit. Je décroche un poste de graphiste en «packaging» et en identité visuelle chez Hotshop, à Boulogne-Billancourt, je me loue un studio à moi tout seul dans le 11e, et j’effectue cette métamorphose tant attendue de ma vie d’étudiant post-ado à celle de salarié autonome. Oui, je sais, «salarié» et «autonome» sont des mots qui vont mal ensemble, mais je suis encore jeune, merde, laissez-moi perdre mes illusions à mon rythme!
Sans faire un vrai bilan de mon parcours, je remarque un truc cocasse. Ma carrière semble unidirectionnelle : j’ai un diplôme de graphisme, et je ne ferai pratiquement rien d’autre qu’être graphiste. Pourtant, je vis une époque paradoxale, puisque les outils, les médias et les clients qui seront les miens n’existent pas en 1990. J’entre donc d’un pas léger dans un futur qui reste à inventer.
Le reste appartient à l’Histoire, ma petite histoire et celle de mon domaine. Apparition de l’informatique graphique, naissance du multimédia, puis du web graphique, première génération numérique, – insérer ici un changement de continent pour moi –, deux-point-zéro, télétravail, mobilité, réseaux sociaux, intelligence artificielle, pandémie.
Au milieu de ce déferlement technologique, je reste le mec qui a fait une école d’art et qui refuse obstinément de toucher à tout ce qui ressemble à du code. J’y perds quelques mandats et y gagne des partenaires de travail, dont la plupart resteront mes amis.
Trente ans plus tard, j’ai fait le deuil d’une partie de mon côté artisan, faute de travailler quotidiennement le papier, le carton, l’encre, l’acrylique, le bistouri et autres artefacts du monde physique. Même mon écriture manuscrite a écopé de la dématérialisation des supports depuis que je frappe plus vite que je ne trace. En revanche, je mesure mon gain sur certains aspects de mon métier, notamment le branding et tout ce qui touche à la typographie. Et je suis devenu un passeur, comme avant moi ceux qui furent mes mentors.
La seule chose qui n’a pas changé, c’est que je me sens comme un jeune créatif vaguement délinquant et dont le potentiel reste à réaliser.
Je vous en
reparle en 2050.
*Le pré-selfie date de 1987, je n’ai pas de photo de 1990.
Le 21 mars 2020, alors qu’un mystérieux virus faisait son nid dans nos vies, j’ai commencé à partager sur Facebook des «chansons de confinement».
150 jours plus tard, je mets fin à l’exercice. Pas parce que le confinement est fini – il ne l’est pas –, mais parce que j’aime les chiffres ronds, et que j’ai fait le tour des chansons qui me plaisent et qui parlent d’ici et maintenant. Madness ouvre la parade et Nina Simone ferme la marche : ceci est une mosaïque des styles musicaux qui me parlent. Pop, funk, rock, jazz, soul, chanson, hip-hop, alouette. En fait, certaines ne sont pas vraiment des «chansons» car elles sont instrumentales. Mais toutes, même les plus stupides, comportent un élément qui les lie à ce moment de l’Histoire.
Pour mémoire, je publie ici la liste des 150 chansons de confinement. Respect pour celles et ceux qui sont tombé(e)s au combat et pour les humains qui luttent.
Chanson de confinement #1 : Madness – Our House Chanson de confinement #2 : Be The voice – Altogether Alone Chanson de confinement #3 : The Cure – Close To Me Chanson de confinement #4 : Donald Fagen – New Frontier Chanson de confinement #5 : The Police – Don’t Stand So Close To Me Chanson de confinement #6 : Pomplamoose – Good Morning Insomnia Chanson de confinement #7 : The Beach Boys – In My Room Chanson de confinement #8 : Coral Egan – My Favorite Distraction Chanson de confinement #9 : Crosby, Stills, Nash & Young – Carry On Chanson de confinement #10 : Daniel Boucher – Chez nous Chanson de confinement #11 : Dave Matthews & Tim Reynolds – When The World Ends Chanson de confinement #12 : Depeche Mode – Shake The Disease Chanson de confinement #13 : Grover Washington Jr – Just The Two Of Us Chanson de confinement #14 : Jamiroquai – Too Young To Die Chanson de confinement #15 : Fontarabie – La fin de quelque chose Chanson de confinement #16 : Björk – It’s Oh So Quiet Chanson de confinement #17 : Michael Franks – Alone at Night Chanson de confinement #18 : Bachman Turner Overdrive – You Ain’t Seen Nothing Yet Chanson de confinement #19 : Marvin Gaye – What’s Going On Chanson de confinement #20 : Matt Bianco – Get Out Of Your Lazy Bed Chanson de confinement #21 : Nils Landgren – I Will Survive Chanson de confinement #22 : Prince – Sign O’ The Times Chanson de confinement #23 : John Lennon – Isolation Chanson de confinement #24 : Karkwa – Mieux Respirer Chanson de confinement #25 : Simple Minds – Alive and Kicking Chanson de confinement #26 : Steely Dan – Everything Must Go Chanson de confinement #27 : Stevie Wonder – Don’t You Worry ‘Bout a Thing Chanson de confinement #28 : The Beatles – Because Chanson de confinement #29 : Earth, Wind & Fire – System of Survival Chanson de confinement #30 : Pomplamoose – Dancing On My Own Chanson de confinement #31 : Dominique Fils-Aimé – Home Chanson de confinement #32 : Paul Simon – The Boy In The Bubble Chanson de confinement #33 : Sarah Vaughan – Spring Will Be A Little Late This Year Chanson de confinement #34 : The Rolling Stones – Living In A Ghost Town Chanson de confinement #35 : The Fabriani Bros. – The Covid Kid Chanson de confinement #36 : Pat Metheny Group – Better Days Ahead Chanson de confinement #37 : Sting – Inside Chanson de confinement #38 : Elton John – I’m Still Standing Chanson de confinement #39 : Odeurs – J’ai le mauvais goût dans la bouche Chanson de confinement #40 : Elvis Costello – Everday I Write the Book Chanson de confinement #41 : Paul McCartney – Hope For The Future Chanson de confinement #42 : Dizzy Gillespie – Things to Come Chanson de confinement #43 : Bruno Mars – The Lazy Song Chanson de confinement #44 : David Bowie – Where Are We Now? Chanson de confinement #45 : Joe Jackson – Steppin’ Out Chanson de confinement #46 : Half Moon Run – Call Me in the Afternoon Chanson de confinement #47 : Les Frères Brosse – Y neize Chanson de confinement #48 : Suzanne Vega – Luka Chanson de confinement #49 : Four Tops – Look Out Your Window Chanson de confinement #50 : Stewart Copeland & Stan Ridgway – Don’t Box Me In Chanson de confinement #51 : Jack Conte – The Time Has Come Chanson de confinement #52 : Queen – The Prophet’s Song Chanson de confinement #53 : Richard Gotainer – Avant de voir ses yeux (Le printemps) Chanson de confinement #54 : Sting – Set Them Free Chanson de confinement #55 : Hiromi Uehara – Place To Be Chanson de confinement #56 : Charlie Parker – Now’s the Time Chanson de confinement #57 : Martin Kerr – Isolation Groove Chanson de confinement #58 : The Police – So Lonely Chanson de confinement #59 : Daft Punk – Within Chanson de confinement #60 : Level 42 – Running In The Family Chanson de confinement #61 : Ella Fitzgerald – Somewhere Over The Rainbow Chanson de confinement #62 : Roger Glover – Love Is All Chanson de confinement #63 : Björk – Jóga (State Of Emergency) Chanson de confinement #64 : Billy Ocean – When the Going Gets Tough Chanson de confinement #65 : Paul Ruske – Uncertain Times Chanson de confinement #66 : Gorillaz – Let Me Out Chanson de confinement #67 : Stealers Wheel – Stuck In The Middle With You Chanson de confinement #68 : India Arie – Breathe Chanson de confinement #69 : Jacob Collier, Mahalia, Ty Dolla $ign – All I Need Chanson de confinement #70 : Walk off the Earth – Stuck With U Chanson de confinement #71 : The Kinks – Where Have All The Good Times Gone Chanson de confinement #72 : Serge Fiori – Le monde est virtuel Chanson de confinement #73 : Clifford Brown & Max Roach – Joy Spring Chanson de confinement #74 : The Muppets – Manah Manah Chanson de confinement #75 : The Rolling Stones – Gimme Shelter Chanson de confinement #76 : The Commodores – Brick House Chanson de confinement #77 : Jamiroquai – Seven Days In Sunny June Chanson de confinement #78 : Patrice Michaud – La grande évasion Chanson de confinement #79 : M – Croîs au printemps Chanson de confinement #80 : The Pretenders – I’m Going To Sleep Chanson de confinement #81 : Ian Dury – Sex and Drugs and Rocknroll Chanson de confinement #82 : The Jam – Life From a Window Chanson de confinement #83 : Daniel Bélanger – Spoutnik Chanson de confinement #84 : Arcade Fire – We Used To Wait Chanson de confinement #85 : Zap Mama – Vivre Chanson de confinement #86 : Randy Newman – My Life Is Good Chanson de confinement #87 : Ariane Moffatt – Debout Chanson de confinement #88 : Eric Clapton – Change the World Chanson de confinement #89 : Sam Cooke – A Change Is Gonna Come Chanson de confinement #90 : Richard Gotainer – Youpi c’est l’été Chanson de confinement #91 : Michael Stipe & Rain Phoenix – Happiness Chanson de confinement #92 : Pomplamoose – Get That Body Back Chanson de confinement #93 : Jamiroquai – Runaway Chanson de confinement #94 : Rickie Lee Jones – The Real End Chanson de confinement #95 : Huey Lewis – I Want a New Drug Chanson de confinement #96 : Serge Gainsbourg – Requiem pour un con Chanson de confinement #97 : Roy Ayers – Running Away Chanson de confinement #98 : Johnny Cash – All Over Again Chanson de confinement #99 : Guillaume Farley – Tout reste à faire Chanson de confinement #100 : Ray Davies – Quiet Life Chanson de confinement #101 : Everything Everything – Cough Cough Chanson de confinement #102 : David Bowie – We Are Hungry Men Chanson de confinement #103 : Midnight Oil – Beds Are Burning Chanson de confinement #104 : Daniel Koren – Lithium Chanson de confinement #105 : One Voice Children’s Choir – Memories Chanson de confinement #106 : Sade Adu – Killer Blow Chanson de confinement #107 : João Gilberto – Estate Chanson de confinement #108 : Lisa Leblanc – Y fait chaud Chanson de confinement #109 : Normand L’Amour – Dans les années Chanson de confinement #110 : Fiction Plane – Where Do We Go From Here Chanson de confinement #111 : Louis-jean Cormier – Face au vent Chanson de confinement #112 : Mel & Tim – Starting All Over Again Chanson de confinement #113 : Branford Marsalis – Again Never Chanson de confinement #114 : Public Enemy – Fight The Power Chanson de confinement #115 : TSF – Ça va, ça va Chanson de confinement #116 : Astrud Gilberto – The Telephone Song Chanson de confinement #117 : Arrested Development – Revolution Chanson de confinement #118 : The Beach Boys – Good Vibrations Chanson de confinement #119 : Daniel Boucher – La Désise Chanson de confinement #120 : Stereolab – Tomorrow Is Already Here Chanson de confinement #121 : The Mask (Theme Song) Chanson de confinement #122 : Save Ferris – The World Is New Chanson de confinement #123 : Steve Lacy – Alone Together Chanson de confinement #124 : Boby Lapointe – L’été où est-y? Chanson de confinement #125 : Two Ton Shoe – Medicine Chanson de confinement #126 : Keith Jarrett – I Got It Bad And That Ain’t Good Chanson de confinement #127 : UB40 – Sing Our Own Song Chanson de confinement #128 : La Révolution Française – La Terreur est en nous Chanson de confinement #129 : Talk Talk – Such a Shame Chanson de confinement #130 : Tito Puente – Oye como va Chanson de confinement #131 : John Zorn – Between Two Worlds Chanson de confinement #132 : The Who – Miracle Cure Chanson de confinement #133 : Al Jarreau – Look To The Rainbow Chanson de confinement #134 : Thelonious Monk – Reflections Chanson de confinement #135 : Mononeon – Dump Trump Chanson de confinement #136 : Joe Zawinul & Cannonball Adderley Quintet – Mercy, Mercy, Mercy Chanson de confinement #137 : Frank Zappa – What Ever Happened To All The Fun In The World Chanson de confinement #138 : Bernhoft – Choices Chanson de confinement #139 : Stevie Wonder – I Wish Chanson de confinement #140 : Peter Gabriel – Digging In The Dirt Chanson de confinement #141 : Paul McCartney – I Don’t Know Chanson de confinement #142 : Aretha Franklin – Think Chanson de confinement #143 : Billy Idol – Eyes Without a Face Chanson de confinement #144 : Cartoon Planet Band – Don’t Touch Me Chanson de confinement #145 : Ace – How Long Chanson de confinement #146 : Michael Jackson – Thriller Chanson de confinement #147 : Gary Jules – Mad World Chanson de confinement #148 : Queen – Another One Bites the Dust Chanson de confinement #149 : Jamiroquai – Virtual Insanity Chanson de confinement #150 : Nina Simone – Feeling Good (It’s a New Day)
L’automobile, piège de rêve et de
chrome, est peut-être en train de vivre ses dernières décennies. La planète
agonise, les mentalités évoluent lentement et la société change. Malgré l’impressionnante
inertie de l’homo-bagnolus et de son maître l’industripétrolièrosaure, quelque
chose est en train de se passer.
L’industrie automobile sort du déni pour réaliser qu’elle doit changer de paradigme. Pas pour notre survie, mais pour la sienne. Des véhicules sans pétrole, autonomes, partagés; un futur enfin durable et plausible.
Le mouvement s’incarne dans de toutes
petites choses. Puisque les logos sont mon sujet d’étude de prédilection, je m’amuse
à tenir le compte de ceux qui se «déchroment».
Depuis la fin des années 1980, le nec plus ultra en matière de logos automobiles, c’était le chrome, parce que le chrome fait partie de l’ADN de la bagnole. Au milieu des années 2000, un pic est atteint : les outils graphiques et les moyens de reproduction numériques jettent les limites techniques aux poubelles de l’histoire. On peut désormais tout faire et tout répliquer. Profitons-en pour mettre des reflets, des ombres et des transparences partout, chantent en chœur les créatifs. C’est normal et sain de connaître les tendances et de les épouser : elles font partie de l’histoire des arts visuels, elles donnent parfois des chefs-d’œuvre et illustrent des moments particuliers. Et puis elles passent.
Inutile de jeter le blâme sur le flat design, il passera, lui aussi. Et puis ce sera autre chose, pour d’autres raisons. The circle of life, dude.
La mode des logos chromés est passée depuis plusieurs années déjà, mais il faut comprendre qu’un rebranding est une opération lourde et coûteuse pour une industrie manufacturière, ce qui explique que le rafraîchissement de ces logos s’étale sur plus d’une décennie.
Les constructeurs automobiles les plus prudents se contentent donc d’appliquer la recette simple du flat design qui consiste à éliminer les effets de relief, de texture et de lumière afin d’atteindre la platitude désormais providentielle.
Les plus ambitieux en profitent pour faire évoluer l’aspect formel de leur logo. Après tout, un redesign n’est pas une chose fréquente, alors autant en profiter pour mettre graphiquement à jour la vision de l’entreprise.
Ce mouvement ne sera pas achevé tant qu’il restera des marques pour se partager l’humiliation de traîner encore un logo chromé en 2020 : Buick, Chevrolet, Daimler, Fiat, Land Rover, Mazda, Mercedes-Benz, Smart et Subaru, pour ne citer que les plus visibles.
Laver son nom sans trop faire mousser le produit : un drôle d’exemple de gestion de crise.
En ces temps pandémiques, il ne fait pas bon s’appeler Corona. Les gens font des liens tellement vite, et tellement mal.
La bière Corona célèbrera cette année ses 95 ans. Pour des raisons évidentes, la fiesta risque d’être un peu amère. Si la tendance se maintient, on se reprendra pour le centenaire.
Première bière en volume au Mexique et quatrième dans le monde (bravo!), cette lager exotique se taille rarement une place dans les palmarès biérologiques. Les mauvaises langues – et les bonnes papilles – ne se gêneront pas pour dire que «si t’as besoin d’une tranche de lime pour y trouver du goût, t’es mieux de boire autre chose». Ce qui fait le succès de ce produit sous nos cieux nordiques, c’est plutôt l’effet «madeleine de Proust» : il nous rappelle les vacances, le Mexique, la Bamba, le soleil, la siesta, l’éloignement de notre patron.
CORONA SIGNIFIE «COURONNE» EN ESPAGNOL, AINSI QU’EN LATIN ET EN ITALIEN. […] CÔTÉ ÉTYMOLOGIE, ON NE PEUT PAS FAIRE PLUS SIMPLE.
CORONA signifie «couronne» en espagnol, ainsi qu’en latin et en italien. En russe, en polonais, en finnois, en hongrois et en allemand, c’est «korona», et en portugais «coroa». Côté étymologie, on ne peut pas faire plus simple.
Et c’est aussi du latin que le maudit coronavirus tient son nom : virus en forme de couronne. Voilà pour la coïncidence.
En principe, un logo doit posséder certaines qualités : être unique, engageant et lisible. Il existe pourtant un monde parallèle où les logos sont tous pareils, terrifiants et illisibles. Plongée dans les ténèbres du métal extrême, avec un expert du genre.
Parce que ce domaine opaque constitue une exception dans le domaine de l’image de marque, j’ai voulu en savoir plus. Et comme je n’y connais rien en métal – je suis plus du genre papier –, j’ai fait appel à Benoît Lelièvre, gestionnaire de communauté chez URBANIA, et savant fou autoproclamé des groupes métal obscurs.
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Salut man [signe de la main malhabile, avec index et auriculaire tendus]! Le métal semble comprendre une foule de sous-genres. Peux-tu d’abord nous situer lesquels adoptent des logos illisibles?
Oui : c’est à la naissance du black metal que les logos ont commencé à délirer. En réaction au métal surproduit et commercial, l’esthétique est lo-fi, la distribution aussi (souvent par cassettes numérotées), et les logos suivent cette approche délibérément rébarbative. Le premier groupe qui m’a posé problème avec la lisibilité de leur logo est Darkthrone. Ça a été le début d’une surenchère d’illisibilité, mais c’estt vraiment à la naissance du slam et celle du goregrind que c’est devenu pire ridicule. C’est là que le côté conceptuel des logos a perdu son sens.